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Sécurité: Élisabeth Borne torpille ses collègues et "la surenchère de mesures éculées" après chaque fait divers

La ministre de l'Éducation nationale Élisabeth Borne le 23 mai 2025 à l'Élysée. (Illustration)

La ministre de l'Éducation nationale Élisabeth Borne le 23 mai 2025 à l'Élysée. (Illustration) - Leo VIGNAL / AFP

La numéro 2 du gouvernement s'est exprimée dans un entretien sur les sujets régaliens et notamment la sécurité. L'ancienne Première ministre veut éviter la "surenchère" de mesures "éculées" après chaque fait divers.

La ministre de l'Éducation nationale, Élisabeth Borne, exhorte ce samedi 7 juin dans Le Parisien à "éviter la surenchère de mesures éculées" après "chaque actualité dramatique", et à "privilégier la réflexion", dans une critique acerbe adressée à certaines figures du gouvernement ou de sa famille politique.

"Le rapport sur le frérisme, la mort d'Élias ou les violences en marge du match du PSG choquent à juste titre les Français. Mais on ne doit ni légiférer à chaud, ni dans l'émotion", plaide l'ex-Première ministre, dans un entretien paru ce samedi.

"Ce serait bien d'éviter la surenchère de mesures éculées, qu'on trouve sur l'étagère à chaque actualité dramatique. On doit s'attacher à identifier les causes qui conduisent à ces faits, à apporter avec sang-froid des réponses cohérentes, efficaces et réalistes", insiste-t-elle.

L'interdiction du port du voile jugée "inconstitutionnelle et inapplicable"

La ministre était interrogée sur les nombreuses propositions sécuritaires émanant des ministres de l'Intérieur, Bruno Retailleau, de la Justice, Gérald Darmanin, ou du patron des députés macronistes, Gabriel Attal, dans un contexte de compétition pour la présidentielle 2027.

"Sans doute que la future élection présidentielle pousse certains à s'exprimer de façon très médiatique... Je pense qu'il vaut mieux privilégier la réflexion, le fond et les vraies réponses", grince en retour Élisabeth Borne.

"Je pense nécessaire de rappeler que l'action du gouvernement ne se mesure pas en décibels sur les sujets régaliens", fait-elle encore valoir.

Numéro deux du parti Renaissance, et entretenant des relations notoirement houleuses avec Gabriel Attal qui dirige le mouvement, Élisabeth Borne a de nouveau épinglé la proposition de celui-ci d'interdire le port du voile dans l'espace public aux mineures de moins de 15 ans, qu'elle juge "inconstitutionnelle et inapplicable".

"Ce sont des sujets lourds, compliqués, qui posent des questions de libertés publiques, de cohésion nationale. Ils méritent de la réflexion, des débats au sein du parti", renchérit-elle, déplorant "que cela n'ait pas été le cas".

Quant à la course de petits chevaux pour 2027 qui présente un casting pour l'heure quasi exclusivement masculin, "cela ne me surprend pas", ironise-t-elle.

"Peut-être que les femmes sont davantage attachées à faire les choses dans l'ordre, c'est-à-dire à travailler sur un projet, plutôt que de se poser des questions d'ego, en fait", ajoute-t-elle.

L.P. avec AFP